Pauvre enfant qui voulez combattre la
nature
Qui doutez de l'amour et repoussez sa
loi,
Qu'avez-vous donc souffert et par quelle
blessure
Ce coeur de dix-huit ans a-t-il perdu la
foi?
La fleur d'Avril est-elle à tout
jamais fanée,
Pour avoir frissonné sous ton souffle
du Nord?
La coupe de vos jours est-elle
empoisonnée
Par un pleur de vos yeux qui coula sur le
bord?
Moi qui suis déjà vieux dans
les choses humaines,
Dont le coeur asaigné plus souvent
qu'à son tour.
Je ne regrette pas le sang pur dont mes
veines
Ont rougi les boissons où je cherchais
l'amour!
Car ce que m'ont appris la ronce et les
épines,
C'est qu'il n'est rien de bon au monde que
d'aimer,
Que même les douleurs de l'amour sont
divines.
Et qu'il vaut mieux briser son coeur que le
fermer!
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