Voilà les feuilles sans
sève
Qui tombent sur le gazon,
Voilà le vent qui
s'élève
Et gémit dans le vallon!
Voilà l'errante hirondelle
Qui rase du bout de l'aîle
L'eau dormante des marais;
Voilà l'enfant des
chaumières
Qui glane sur les bruyères
Le bois tombé des forêts!
La brebis sur les collines
Ne trouve plus le gazon
Son agneau laisse aux épines
Les débris de sa toison!
La mer solitaire et vide
N'est plus qu'un désert aride
Où l'oeil cherche en vain l'esquif
Et sur la grève plus sourde
La vague orageuse et lourde
N'a qu'un murmure plaintif!
C'est alors que ma paupière
Vous vit pâlir et mourir,
Tendres fruits qu'à la lumière
Dieu n'a pas laissé murir!
Quoique jeune sur la terre
Je suis déjà solitaire
Parmi ceux de ma saison
Et quand je dis en moi même:
"Où sont ceux que ton coeur aime?"
Je regarde le gazon!!
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