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Dans Venise la rouge,
Pas un bateau qui bouge,
Pas un pêcheur dans l'eau,
Pas un falot.
La lune qui s'efface
Couvre son front qui passe
D'un nuage étoilé
Demi-voilé.
Tout se tait, fors les gardes
Aux longues hallebardes,
Qui veillent aux créneaux
Des arsenaux.
Ah! maintenant plus d'une
Attend, au clair de lune,
Quelque jeune muguet,
L'oreille au guet.
Sous la brise amoureuse
La Vanina rêveuse,
Dans son berceau flottant
Passe en chantant;
Tandis que pour la fête
Narcissa qui s'apprête,
Met devant son miroir
Le masque noir.
Laissons la vieille horloge
Au palais du vieux doge
Lui compter de ses nuits
Les longs ennuis.
Sur sa mer nonchalante,
Venise indolente
Ne compte ni ses jours
Ni ses amours.
Car Venise est si belle
Qu'une chaîne sur elle
Semble un collier jeté
Sur la beauté.
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