CORRESPONDANCES AVEC E.HEBERT

 

 

(Gounod et Hebert passèrent deux mois à Rome du 12 décembre au 16 février 1869. Hébert était alors Directeur de la Villa Médicis. Les deux hommes furent enchantés de se retrouver dans ce lieu qui les avait rassemblés trente ans plus tôt. Ce séjour réconforta beaucoup le compositeur, harassé par les difficultés à faire représenter une nouvelle version de Faust à l'Opéra.)

Hébert rapporte:

« comme il fut heureux pendant les deux mois de solitude que nous passâmes ensemble »... «pour moi seul, il lisait les fragments du libretto de Redemption auquel il travaillait tous les soirs... pour moi seul, il se mettait au piano et jouait comme autrefois, avec des regards où brillait la flamme sombre de l'enthousiasme, les belles oeuvres des maîtres, de plus en plus profondément admirées... ».

«Quand il fallut revenir à Paris, rappelé pour le passage de Faust du Théâtre-Lyrique à l'Opéra, Gounod, de lui-même, déclara qu'il jouerait et chanterait tout ce qu'on voudrait au prochain dimanche dans le salon de l'Académie »

« Gounod, aimable comme toujours et souriant, se mit à ce bon piano d'Érard qu'il connaissait bien et joua, chanta, de dix heures à une heure du matin, devant cette foule ravie, enthousiasmée... »

« Gounod ce soir-là fut acclamé et salué comme chef de l'école française; et ce triomphe, en pleine Académie, fut doux au coeur de l'artiste glorieux qui avait si bien tenu les promesses du jeune pensionnaire »

 

E.HEBERT


 

(Charles Gounod étant décédé le 18 octobre 1893, Ernest Hébert écrit à sa veuve à l'occasion du jour des morts.)

« ..., dis-le de ma part à tes enfants, qui vont devenir un peu les miens, s'il m'est donné de pouvoir leur prouver mon dévouement et mon affection »

« j'ai perdu comme vous tous, quoique à un degré plus humble, une grande force de travail et la joie de ma vie »

(Écrivant de Rome, il ajoute)

«... il y a eu à Saint-Louis-des-Français samedi dernier un service funèbre, une vraie cérémonie, où ont assisté les Ambassadeurs, l'Académie de France et tous les compositeurs et artistes musiciens de Rome, un d'eux a exécuté admirablement le beau chant de l'hymne à Ste Cécile qui ému tout l'auditoire et m'a arraché des larmes. A l'Académie de France les pensionnaires ont décidé que le portrait de Gounod serait descendu de sa place à côté de Lefuel et de moi et serait placé à part comme l'enfant de la maison qui l'a le plus hautement honorée ».

E.HEBERT

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