MIREILLE

(Création au Théâtre-Lyrique, le 19 mars 1864)

 

Situation : En Provence, au XIXe siècle.

 

 

Acte I

Un enclos de mûriers.

 

Un groupe de jeunes paysannes cueille des feuilles de mûriers (introduction: "Chantez magnanarelles"). La gentille sorcière Taven remarque tristement que les jeunes filles découvriront un jour les peines de coeur. Clémence, l'une des jeunes filles, rétorque que cela ne lui arrivera pas car elle sera emmenée loin de la Provence par un beau prince pour vivre dans un splendide château dans un pays éloigné. Un autre jeune fille, Mireille, dit calmement qu'elle serait satisfaite si un jeune homme lui déclarait simplement son amour en toute sincérité. Ses camarades ne s'étonnent pas de la modestie de ses espérances, car elle a été vue récemment en compagnie de Vincent, le fils d'un pauvre vannier, Ambroise. Elles se moquent gentiment d'elle, parce qu'elle est amoureuse d'un garçon d'origine aussi humble. Après le départ de ses amies, Mireille confirme à Taven la réalité de cette rumeur. Taven l'avertit que richesse et pauvreté s'assortissent mal, mais assure Mireille qu'elle l'aidera à tout moment de détresse. Vincent passe par là et Mireille engage la conversation avec lui. Il décrit sa famille, racontant à Mireille qu'elle est encore plus attirante que sa soeur (duo: "Vincenette à votre âge"). Mireille est flattée de la comparaison. Elle aimerait s'attarder, mais ses amies l'appellent pour qu'elle vienne les rejoindre. Avant de se quitter, Vincent et Mireille décident que, si le malheur devait frapper l'un d'entre eux, l'autre ferait un pèlerinage aux Saintes-Maries pour demander de l'aide par la prière.

 

 

Acte II

A l'entrée des arènes d'Arles.

 

Un certain nombre de paysans se sont réunis pour chanter et danser une farandole provençale. Mireille entre avec ses amies. Lorsque Vincent vient aussi s'intégrer aux festivités, quelques participants leur demandent de chanter une chanson d'amour. Mireille et Vincent s'exécutent avec une chanson provençale traditionnelle (chanson de Magalie: "La brise est douce et parfumée"). Ensuite, les joyeux lurons assemblés reprennent une farandole et entrent dans les arènes. Mireille reste en arrière, appelée par Taven, qui l'avertit qu'on est à la saison de l'année où on va lui faire la cour (chanson: "Voici la saison mignonne"). La jeune fille croit innocemment ne pas être vraiment concernée puisque son coeur est déjà pris. Elle chante son amour pour Vincent (air: "Trahir Vincent"). Conformément à la prédiction de Taven, le dompteur de taureaux Ourrias a posé les yeux sur Mireille. Il la salue en lui promettant que, lorsqu'elle sera sa femme, elle sera traitée comme une reine ; il lui confesse son amour (couplets: "Si les filles"). Comme il insiste beaucoup trop pour le goût de Mireille, elle s'en va hâtivement. Le père de Mireille, Ramon, sort des arènes et Ourrias se plaint auprès de lui de ce que Mireille n'a pas été réceptive. A ce moment, arrivent également Vincent et son père Ambroise. Ambroise annonce à Ramon que Vincent est amoureux d'une jeune fille d'un niveau social plus élevé et lui demande comment il traiterait la situation. Ramon répond que Vincent devrait l'oublier immédiatement. S'il résiste, Ramon suggère la bastonnade à laquelle tout père doit avoir recours pour faire entendre raison aux membres de sa famille (finale: "Un père parle en père"). Ramon ajoute que, chez lui, personne n'oserait le défier. Mireille reparaît, révèle qu'elle est l'objet de l'amour de Vincent et que ce sentiment est réciproque. Ramon la désavoue sur-le-champs. Il est sur le point de frapper Mireille lorsqu'elle tombe à genoux et implore sa clémence et sa compréhension. Furieux, Ramon maudit Vincent et son père et jure qu'il ne laissera pas Mireille revoir le jeune homme. Mireille et Vincent chantent que toute tentative visant à les séparer est vaine ; Ambroise redit l'outrage verbal de Ramon ; la foule assemblée déplore la cruauté de Ramon.

 

 

Acte III

Le val d'Enfer. Près de la caverne de Taven.

 

Ourrias et ses amis rentrent ensemble chez eux. Ils lui conseillent d'oublier Mireille. Mais Ourrias leur demande de poursuivre la route sans lui car il est encore déprimé par la façon dont elle l'a rejeté et a décidé de se venger de Vincent (duo: "Ils s'éloignent"). Vincent entre, également perturbé par la tournure des événement à la fin de l'acte précédent. Il est surpris par Ourrias, qu'il accuse de faire appel à la sorcellerie pour obtenir l'amour de Mireille. Cette accusation met Vincent en colère, mais Ourrias frappe ignominieusement le jeune homme sans défense avec son trident. Taven, qui a entendu les plaintes du blessé, se précipite hors de sa taverne et maudit Ourrias. Les eaux du Rhône éclairées par la pleine lune. Ourrias est rongé par le remords et a peur (scène et choeur: "Ah! qu'ai-je fait?"). Il hèle le passeur pour gagner l'autre rive. Soudain, des fantômes blanc émergent des profondeurs du fleuve. Une cloche lointaine sonne minuit. Les fantômes flottent à la surface de l'eau et disparaissent dans le brouillard. Ourrias saute dans le bateau lorsque celui-ci finit par apparaître. Au moment où il se met en route, les eaux s'agitent violemment. Le passeur rappelle à Ourrias le souvenir de Vincent. Le bateau sombre ; Ourrias se noie.

 

 

Acte IV

La cour intérieur du mas de Ramon. La nuit de la Saint-Jean. Des feux éclairent la scène.

 

Ramon et ses moissonneurs célèbrent la moisson (choeur: "Après la moisson finie"). Mireille, découragée, entre dans la maison. Après le départ des moissonneurs, Ramon déplore que les lois de la nature rendent sa fille malheureuse. Mireille ouvre sa fenêtre et se souvient, rêveuse, de la "chanson de Magalie". Le jour commence à poindre et un berger apparaît jouant de la musette. Après avoir chanté une courte chanson sur le jour nouveau (chanson: "Le jour se lève"), il part. Mireille envie l'existence bien heureuse qu'il doit mener (ariette: "Heureux petit berger"). Vincenette se précipite à l'improviste vers Mireille pour lui apprendre ce qui est arrivé à Vincent (duo: "Ah! Parle encore"). Bien que Vincenette assure à Mireille que Taven s'occupe de Vincent et qu'il va guérir, Mireille décide d'entreprendre le périlleux pèlerinage à travers le désert de la Crau jusqu'aux Saintes-Maries. Elle emporte tous ses bijoux en guise d'offrande et les deux jeunes filles prient pour la guérison de Vincent.

Le désert de la Crau. Une vaste étendue de terrain pierreux et aride. A midi.

Mireille est épuisée et désorientée (air: "En marche"). Elle voit un mirage: Une ville splendide au bord d'un lac. Elle s'effondre de désespoir lorsque le mirage disparaît. La musette du berger dans le lointain, la ramène à elle et elle poursuit sa route.

 

 

Acte V

A l'exterieur de la chapelle des Saintes-Maries.

 

Les fidèles traverses la scène et entrent dans la chapelle en invoquant la protection divine (choeur: "O vous que du haut du ciel"). Vincent arrive et cherche Mireille ; il prie pour qu'elle soit saine et sauve (cavatine: "Anges du paradis"). Mireille paraît, chancelante, délirante et près de mourir. Elle tombe en extase en retrouvant Vincent et a une vision du ciel qui s'ouvre pour la recevoir (finale: "Grand dieu"). Ramone et les autres se précipitent. Mireille meurt d'insolation, mais une voix céleste annonce que son âme est assurée d'un bonheur éternel dans les cieux.