"A la Madonne"
Paroles: Jules Barbier
Musique: Charles Gounod
Blanche madone
Notre patronne,
Charmante reine des cieux,
Je veux de roses
Fraiches écloses,
Orner ton front gracieux !
Et pour ta fête
Que l'on apprete,
O madone, je veux encore
Parer ta grâce
Que rien n'efface
D'un manteau d'argent et d'or !
Sainte Marie,
Vierge chérie,
Aux blonds cheveux parfumés,
Comme une étoile,
Sous ton long voile,
Brille à nos regards charmés !
Jusqu'au pied même
Du roi suprême
Porte notre humble ferveur !
Que ta main blanche
Sur nous épanche
Le bienfait d'un Dieu sauveur !
"A toi mon coeur"
Paroles: Jules Barbier
Musique: Charles Gounod
La perle est aux ondes,
Les cieux ont le jour !
Mais mon coeur a l'amour !
Cieux infinis, mers profondes,
Ce coeur dérobe aux yeux
Plus de perles que les ondes
Plus d'astres que les cieux !
Toi, fille jeune et belle,
Viens au coeur qui t'appelle
Mon coeur, et les flots, et le jour
Palpitent du même amour !
"A une bourse"
Paroles: Émile Augier
Musique: Charles Gounod
De doigts mignons oeuvre mignonne
Petit filet de soie et d'or
Charmant toi-même et plus encore
Charmant par la main qui te donne !
Va! ne crains pas que je t'ordonne
D'enfermer un pauvre trésor
D'argent ! les rimeurs n'en ont guère;
Mais en eussent-ils par monceau
Il salirait ton fin réseau:
Ton destin sera moins vulgaire
Et tu seras le reliquaire
de mon coeur et de mon cerveau.
J'emplirai tes mailles de soie
De mes vers les plus parfumés,
De ces confidents bien-aimés
Que nous ne voulons pas qu'on voie !
Car dans leurs plis sont notre joie
Et nos désespoirs enfermés !
Et quand l'âge, glaçant la source
De la joie et de la douleur
Laissera languir sans chaleur
mon âme à la fin de sa course,
Je t'ouvrirai, petite bourse,
Que tiens l'épargne de mon coeur !
"A une jeune fille"
Paroles: Émile Augier
Musique: Charles Gounod
Pauvre enfant qui voulez combattre la nature
Qui doutez de l'amour et repoussez sa loi,
Qu'avez-vous donc souffert et par quelle blessure
Ce coeur de dix-huit ans a-t-il perdu la foi ?
La fleur d'Avril est-elle à tout jamais fanée,
Pour avoir frissonné sous ton souffle du Nord ?
La coupe de vos jours est-elle empoisonnée
Par un pleur de vos yeux qui coula sur le bord ?
Moi qui suis déjà vieux dans les choses humaines,
Dont le coeur asaigné plus souvent qu'à son tour.
Je ne regrette pas le sang pur dont mes veines
Ont rougi les boissons où je cherchais l'amour !
Car ce que m'ont appris la ronce et les épines,
C'est qu'il n'est rien de bon au monde que d'aimer,
Que même les douleurs de l'amour sont divines.
Et qu'il vaut mieux briser son coeur que le fermer !
"A une jeune grecque"
Paroles: Sapho
Musique: Charles Gounod
De la belle Timar c'est ici le tombeau;
Les Parques, avant l'heure, ont d'une main cruelle
De ses jours incomplèts brisé le fil pour elle.
Hélas ! l'Hymen n'a pas allumé son flambeau !
Et ses compagnes éplorées
Ont à ces cendres adorées
De leurs cheveux livrés au tranchant du ciseau
Consacré les tresses dorées !
Vainement le Printemps fait renaître ses fleurs:
La vierge n'ira plus, à la saison nouvelle,
Dans la paix de nos bois rêver le soir pour elle.
Hélas ! Avril n'aura plus de douces senteurs
Mais dès qu'a fui l'hiver morose;
Ici, notre amitié dépose,
Avec le chant plaintif des fidèles douleurs,
Le jasmin, le lys et la rose !
"Absence"
Paroles: Alexandre-Joseph de Ségur
Musique: Charles Gounod
De mon coeur une partie
Vient au loin de s'envoler,
Et depuis qu'elle est partie
Rien ne peut me consoler !
Ce qui mettait l'allégresse
Dans mon âme et dans mes yeux
M'a laissé dans la tristesse
En s'éloignant de ces lieux !
Tant que les âmes aimées
Ne viendront rouvrir mon coeur,
Les sources seront fermées
Où je puisais le bonheur !
Je refleurirrai quand l'heure
Du revoir aura sonné.
Jusques là j'attends et pleure
Sous mon toit abandonné !
De mon coeur une partie
Vient au loin de s'envoler,
Et depuis qu'elle est partie
Rien ne peut me consoler !
"Aimons mes soeurs"
Paroles: Émile Augier
Musique: Charles Gounod
Ma vie en ce séjour
Est un ruisseau limpide
Qui coule sur la mousse
Et reflète le jour.
Aimons mes soeurs, aimons, car la vie est rapide
Et le temps est perdu qui passe sans amour.
"Aimons nous"
Paroles: Jules Barbier
Musique: Charles Gounod
Au fleuve le ruisseau se mêle,
Et le fleuve à la mer
Au vent la brise unit son aîle,
Se confond dans l'air !
Femme, c'est la loi supreême !
Ange, c'est la douce loi !
Tout vent s'unir à ce qu'il aime !
M'aimes-tu, dis-moi ?
Vois les cieux dorer les cîmes !
Vois s'unir les flots heureux !
Vois se pencher sur les abîmes
ces lierres amoureux !
Le soleil étreint la terre !
L'oiseau chante et pleure, hélas !
Pourquoi ce divin mystère
Si tu n'aimes pas !
Comme ces rayons de flamme,
Et ces flots, et ces zéphirs,
Mon âme cherche dans ton âme
L'écho de ses soupirs !
Comme ces oiseaux fidèles,
Dans le nid de leurs amours,
Blottis et pliant leurs ailes,
Aimons nous toujours !
"Au printemps"
Paroles: Jules Barbier
Musique: Charles Gounod
Le printemps chasse les hivers,
Et sourit dans les arbres verts;
Sous la feuille nouvelle
Passent des bruits d'aile!
Viens, suivons les sentiers ombreux,
Où s'égarent les amoureux;
Le printemps nous appelle,
Viens, soyons heureux.
Vois le soleil étincelle
Et sa clarté qui ruisselle
Me semble encore plus belle
Dans tes beaux yeux !
Viens, suivons les sentiers ombreux,
Où s'égarent les amoureux;
Le printemps nous appelle,
Viens, soyons heureux.
Que ta voix chante et se mêle
A l'harmonie éternelle;
Je crois entendre en elle
Chanter les cieux.
Viens, suivons les sentiers ombreux,
Où s'égarent les amoureux;
Le printemps nous appelle,
Viens, soyons heureux.
"Au rossignol"
Paroles: Alphonse de Lamartine
Musique: Charles Gounod
Quand ta voix céleste prélude
Au silence des belles nuits,
Barde aîlé de ma solitude
Tu ne sais pas que je te suis
Tu ne sais pas que mon oreille
Suspendue à ta douce voix
De l'harmonieuse merveille
S'enivre longtemps sous les bois !
Tu ne sais pas que mon haleine
Sur mes lèvres n'ose passer !
Que mon pied muet foule à peine
La feuille qu'il craint de froisser !
Ah ! ta voix touchante ou sublime
Est trop pure pour ce bas lieu !
Cette musique qui t'anime
Est un instinct qui monte à Dieu !
Tu prends les sons que tu recueilles
Dans les gazouillements des flots,
Dans les frémissements des feuilles,
Dans les bruits mourants des échos !
Et de ces doux sons où se mêle
L'instinct céleste qui t'instruit,
Dieu fit la voix, ô Philomèle !
Et tu fais ton hymne à la nuit !
Ah ! ces douces scènes nocturnes,
Ces pieux mystères du soir
Et ces fleurs qui penchant leurs urnes
Comme l'urne d'un encensoir,
Et cette voix mystérieuse
Qu'écoutent les anges et moi,
Ce soupir de la nuit pieuse,
Oiseau mélodieux, c'est toi !
Oh ! mèle ta voix à la mienne !
La même oreille nous entend;
Mais ta prière aérienne
Monte mieux au Ciel qui l'attend !
"Aubade"
L'aube naît, et ta porte est close!
Paroles: Victor Hugo
Musique: Charles Gounod
L'aube naît, et ta porte est close !
Ma belle, pourquoi sommeiller ?
A l'heure où s'éveille la rose
Ne vas-tu pas te réveiller ?
O ma charmante,
Écoute ici
L'amant qui chante
Et pleure aussi !
Toute frappe à ta porte bénie.
L'aurore dit: Je suis le jour !
L'oiseau dit: Je suis l'harmonie !
Et mon coeur dit: Je suis l'amour !
O ma charmante,
Écoute ici
L'amant qui chante
Et pleure aussi !
Je t'adore ange et t'aime femme.
Dieu qui par toi m'a complété
A fait mon amour pour ton âme,
Et mon regard pour ta beauté !
O ma charmante,
Ecoute ici
L'amant qui chante
Et pleure aussi !
"Ave Maria"
Paroles: texte de la Bible
Musique: Charles Gounod
(paroles latines)
Ave Maria
Gratia plena
Dominus tecum
Benedicta tu
In mulierbus
Et benedictus fructus
Ventri tui Jesus
Sancta Maria
Sancta Maria, Maria
Ora pro nobis
Nobis peccatoribus
Nunc et in hora
In hora mortis nostrae
Amen ! Amen !
(paroles françaises)
Je vous salue Marie
pleine de grâce;
le Seigneur est avec vous.
Vous êtes bénie entre toutes les femmes
et Jésus, le fruit de vos entrailles, est béni.
Sainte Marie, Mère de Dieu,
priez pour nous, pauvres pécheurs,
maintenant et à l'heure de notre mort.
Amen.
(Paroles anglaises)
Ave, Maria!
Thou happy mother,
God is with thee,
Blessed, blessed art thou Above all mothers,
Since in Bethlehem,
Came to thee the angel of the Lord.
Honour'd and blessed,
Honour'd and blessed Maria,
Mother of Jesus,
Infant Redeemer,
Born to save us from Our sins and all our heavy woes.
Amen.
"Blanche colombe"
Paroles: Jules Barbier et Michel Carré
Musique: Charles Gounod
Apaisez, blanche colombe,
Votre faim,
Du grain de froment qui tombe
De ma main !
Avant que vous manquiez de grain
Votre maître sera sans pain !
Apaisez, blanche colombe,
Votre faim,
Du grain de froment qui tombe
De ma main !
Après la faim assouvie,
Bel oiseau!
Calmez votre soif, Sylvie,
D'un peu d'eau !
A la fraîcheur du jour nouveau,
J'ai puisé cette onde au ruisseau
Après la faim assouvie,
Bel oiseau !
Calmez votre soif, Sylvie,
D'un peu d'eau !
"Boire à l'ombre"
Paroles: Emile Augier
Musique: Charles Gounod
.
Je n'ai pas soif, vieillard, merci!
Mon coeur a bien autre souci que la bouteille!
Toi, cependant, paisible et gai,
Tu bois à l'ombre, à petit gué,
Sous une treille!
Tu ris au gobelet d'étain
Et nul, d'un jugement certain
Ne pourrait dire,
À voir tes regards complaisants
Qui creusa les rides des ans
Ou du sourire.
Tu n'as pas connu, même un jour,
La plaie ardente d'un amour
Mis en risée!
Ou si tu l'as eue à vingt ans,
Du moins, l'as-tu depuis longtemps
Cicatrisée! O vieillard! que je donnerais
Mes cheveux noirs et mon teint frais,
Pour m'être acquitté de souffrir!
Et comme toi, près de mourir,
Boire en liesse!
"Bolero"
Paroles: Jules Barbier et Michel Carré
Musique: Charles Gounod
Ah! que je plains ta flamme,
Cher trésor de mon âme...
Si par le froid du soir
Tu viens sous ma fenêtre
Chanter ton doux espoir !
Mal t'en prendra peut-être,
Si par le froid du soir
Tu viens ici t'asseoir !
Garde-toi du ciel noir !
Que ta voix qui soupire
Accuse ma rigeur
Moi, je ne fais qu'en rire!
Tu peux garder ton coeur !
Qui vous aime est esclave
De ses folles amours!
Moi, je veux sans entrave
Jouir de mes beaux jours !
"Ce que je suis sans toi"
Paroles: Louis de Peyre
Musique: Charles Gounod
.
Ce qu'est le lierre sans l'ormeau
Qui fut l'appui de son enfance,
Lui donnant dans chaque rameau
Un échelon pour sa croissance;
Voilà ce que je suis sans toi;
Par pitié, garde-moi ta foi !
L'oiseau qui vole en gazouillant
Vers les demeures éternelles
Et dont soudain un plomb sanglant
Est venu fracasser les ailes,
Voilà ce que je suis sans toi;
Par pitié, garde-moi ta foi !
Un frêle esquif parmi les flots
Pendant une nuit ténébreuse,
Sans gouvernail, sans matelots,
Au sein de la mer orageuse,
Voilà ce que je suis sans toi;
Par pitié, garde-moi ta foi !
"Chanson de pâtre"
Paroles: Émile Augier
Musique: Charles Gounod
Broutez le thym, broutez mes chèvres,
Le serpolet avec le thym, avec le thym.
La blonde Aglaé de ses lèvres,
Toucha les miennes ce matin,
Et j'attends que Vénus se lève
Pour la rejoindre sur la grève.
Brille enfin étoile d'amour !
Et dans les cieux, éteins le jour.
Broutez, broutez le thym, broutez mes chèvres,
Broutez.
"Chanson de printemps"
Paroles: Eugène Tourneux
Musique: Charles Gounod
Viens ! enfant, la terre s'éveille,
Le soleil rit au gazon vert !
La fleur au calice entr'ouvert
Reçoit les baisers de l'abeille.
Respirons cet air pur !
Environs-nous d'azur !
Là-haut sur la colline
Viens cueillir l'aubepine !
La neige des pommiers
Parfume les sentiers.
Viens ! enfant, voici l'hirondelle,
Qui passe en chantant dans les airs;
Ouvre ton âme aux frais concerts
Eclos sous la feuille nouvelle.
Un vent joyeux, là-bas,
Frémit dans les lilas;
C'est la saison bénie,
C'est l'amour, c'est la vie !
Qu'un fleuve de bonheur
Innonde notre coeur.
Viens ! enfant, c'est l'heure charmante
Où l'on voudrait rêver à deux;
Mêlons nos rêves et nos voeux
Sous cette verdure naissante;
Salut, règne des fleurs,
Des parfums, des couleurs !
Les suaves haleines
Voltigent sur les plaines;
Le coeur épanoui
Se perd dans l'infini !
"Chanson printanière"
Paroles: Jules Barbier
Musique: Charles Gounod
Doux Printemps, remplis mon âme,
Des rayons de ton azur !
Tiède flamme,
Frais dictame,
Que nous verse le ciel pur !
Doux Printemps, remplis mon être,
Des ivresses de l'amour !
Fais-moi naître,
Et pénètre
Ma nuit des ardeurs du jour !
Que ta flamme enchanteresse
Me caresse,
Chaude ivresse !
Cri de joie et chant d'amour !
Fais-moi naître !
Sois mon maître !
Doux Printemps, remplis mon être !
Fais-moi naître,
Sois mon maître !
Dieu d'amour !
"Chant d'automne"
Paroles: (anonyme)
Musique: Charles Gounod
Oh ! viens, la fleur déjà fanée
Meurt sous le regard du soleil,
Et de tristesse couronnée
La terre entre dans son sommeil.
Viens, rêvons aux choses passées;
Sous ces arbres qui vont finir,
Laissons s'effeuiller nos pensées
Au triste vent du souvenir !
Puis regardant notre vie
Joyeuse et bénie
Lorsque tout est triste à l'entour,
Si pleine d'amour,
À genoux sur la terre
Nous rendrons grâce à Dieu,
Et nous lui ferons voeu
D'une double prière.
Oh ! viens, c'est à l'âme immortelle
De rêver sur ce qui n'est plus,
C'est à l'âme heureuse et fidèle
De pleurer les beaux jours perdus,
En foulant ces feuilles passées
Songeons qu'il en est ici-bas
De qui les âmes sont blessées
Et dont les yeux ne sèchent pas !
Puis regardant notre vie
Joyeuse et bénie
Lorsque tout est triste à l'entour,
Si pleine d'amour,
À genoux sur la terre
Nous rendrons grâce à Dieu,
Et nous lui ferons voeu
D'une double prière.
"Chanter et souffrir"
Paroles: Albert Délpit
Musique: Charles Gounod
Chante! me dit l'oiseau jaseur,
Souffre! dit la voix éternelle
Et je sens vibrer dans mon coeur
Cette double voix qui m'appelle.
Allons poète ! il faut lutter !
La douleur est le grand mystère;
Ce qui te fait souffrir sur terre,
C'est là ce qui te fait chanter !
Chante! car Dieu va t'inspirer !
Souffre ! sans gémir et sans craindre
L'âme sait toujours espèrer
Quand le coeur est las de se plaindre.
Allons poète ! il faut lutter !
La douleur est le grand mystère;
Ce qui te fait souffrir sur terre,
C'est là ce qui te fait chanter !
Chante ! c'est le réveil du coeur
Souffre ! c'est la loi de la vie
Tous les deux enfants du malheur
sont la semence du génie.
Allons poète ! il faut lutter !
La douleur est le grand mystère;
Ce qui te fait souffrir sur terre,
C'est là ce qui te fait chanter !
"Crépuscule"
Paroles: (anonyme)
Musique: Charles Gounod
Quand sur la colline,
Seul, je vais m'asseoir !
Quand le jour décline
Dans la paix du soir !
Dis ! alors ne sais-tu pas ?
Car mon coeur entend tout bas
Murmurer ta voix divine !
Loin de ton sourire
La douleur me suit !
Tout me semble dire:
Le bonheur te fuit !
Mais que ton regard charmant
Me caresse doucement,
Dans tes yeux mon âme expire !
Si tu m'es ravie,
Il me faut mourir !
Car sans toi, ma vie
N'est plus que souffrir !
Mais rêver et vivre à deux,
Ici-bas c'est vivre, au cieux !
Viens rêver, ma douce amie.
"Déesse ou femme"
Paroles: Jules Barbier et Michel Carré
Musique: Charles Gounod
Ces attraits que chacun admire,
Ce regard divin, ce sourire !
Nous faisaient tomber tous,
Hélas ! Madame à vos genoux !
Déesse ou femme,
Ange des cieux !
Qui ne s'enflamme
A perdu l'âme,
Ou bien les yeux !
Cette voix que chacun adore,
Cette douce voix chante encore !
Qu'ils étaient ravissants,
Mon Dieu! qu'ils étaient ravissants,
Madame, ces doux accents;
Déesse ou femme...
Départ"
Paroles: Emile Augier
Musique: Charles Gounod
Je veux oublier que j'aime,
Emportez-moi loin, amis,
Emportez-moi loin d'ici,
En Flandre, en Espagne, à Naple, en Bohême,
Si loin qu'en chemin reste mon souci !
Que restera-t'il en moi, en de moi-même,
Quand à m'en guérir j'aurai réussi ?
N'importe, je veux fermer ma blessure
Les longues douleurs ne sont pas mon lot !
Allons, je veux fermer ma blessure,
Partons ! Allons par pays courir l'aventure,
Pour nous secourer partons au galop !
Sans te dire adieu chère créature !
Car mon coeur fondrait en sanglot !
Nous reposerons, la course assouvie,
Dans le serpolet, le baume et le thym !
Mais si d'en cueillir il me prend envie
Détournez mes doigts d'un fatal butin,
Car ce fut ainsi qu'elle prit ma vie,
Sans en rien savoir par un frais matin !
J'étais à genoux parmi la bruyère.
Partons, mes amis, partons ! je soif de courir.
Que mon cheval jette un vent sa crinière,
Voyons l'horizon devant nous s'ouvrir.
Ah, partez sans moi! l'âme prisonnière
Aime sa prison et veut y mourir !
"Dites, la jeune belle, où voulez-vous aller ?"
Paroles: Théophile Gautier
Musique: Charles Gounod
Dites, la jeune belle,
Où voulez-vous aller ?
La voile enfle son aile,
La brise va souffler.
L'aviron est d'ivoire,
Le pavillon de moire,
Le gouvernail d'or fin;
J'ai pour lest une orange,
Pour voile une aile d'ange,
Pour mousse un séraphin.
Dites, la jeune belle,
Où voulez-vous aller ?
La voile enfle son aile,
La brise va souffler.
Est-ce dans la Baltique ?
Dans la mer Pacifique ?
Dans l'île de Java ?
Ou bien est-ce en Norvège,
Cueillir la fleur de neige,
Ou la fleur d'Angsoka ?
Dites, la jeune belle,
Où voulez-vous aller ?
Menez-moi, dit la belle,
À la rive fidèle
Où l'on aime toujours !
Cette rive, ma chère,
On ne la connaît guère
Au pays des amours.
"Donne-moi cette fleur"
Paroles: Léon Gozlan
Musique: Charles Gounod
Donne-moi cette fleur meurtrie
Entre ta ceinture et ton coeur !
Je la veux triste et sans couleur,
Donne-la-moi, pâle et flétrie!
Ni la rose, éternelle fée,
Ni ce lys qui vient de s'ouvrir
Ne valent le dernier soupir
De la pauvre fleur étoufée !
Doux échange qui ravit l'âme !
La femme a gardé dans son coeur
Le plus doux parfum de la fleur,
La fleur, le parfum de la femme !
Cette fleur je l'avais cueillie
A tes pieds, au bord du chemin !
Tu me dis en tendant la main:
Donne-la-moi fraîche et jolie !
A ces bois où l'oiseau soupire,
Nous avons conté nos secrets !
Rêveuse, tu la respirais,
Et la fleur cachait ton sourire !
Doux échange qui ravit l'âme !
La femme a gardé dans son coeur
Le plus doux parfum de la fleur,
La fleur, le parfum de la femme !
"Envoi de fleurs"
Paroles: Emile Augier
Musique: Charles Gounod
Si l'on veut savoir qui m'envoie
Ces belles fleurs,
Elles me viennent d'où la joie
Et les douleurs,
Elles me viennent d'où ma vie
Pend désormais,
De celle là pour qui j'oublie
Ceux que j'aimais !
Si l'on cherche pourquoi je l'aime
A cet excès,
Hélas! je n'en sais rien moi-même;
Ce que je sais
C'est que dans ses yeux on voit luire
Tout son esprit,
Et qu'au coin de son fin sourire
Mon coeur se prit !
Comme un oiseau qui s'effarouche
Et fuit dans l'air,
Plus je le cherche sur sa bouche
Plus il se perd
C'est pourquoi celle qui m'envoie
Ces belles fleurs
Est celle d'où me vient la joie
Et les douleurs !
"Esclave et reine"
Paroles: Jules Barbier et Michel Carré
Musique: Charles Gounod
Quand la flamme embrâsait la nue,
C'est pour vous que Balkis émue
Implorait le ciel rigoureux !
Dans mes regards vous pouvez lire,
Vainqueur si j'ai pu vous sourire
Je vous console malheureux.
Pour guérir votre âme blessée,
Cette main, par vous reponssée,
De mon coeur écoute la voix !
Vaines grandeurs je vous oublie,
Le sort de leur joug nous délie !
Je vous élève au rang des rois.
"Hymne à la nuit"
Paroles: Jules Barbier
Musique: Charles Gounod
Viens, lorsque dans l'azur les astres radieux
Proclament du Seigneur la puissance infinie
Ami, viens écouter leur céleste harmonie
Viens mêler notre amour au silence dex cieux !
Dans le calme des nuits la prière est plus pure
L'âme s'élève et monte au séjour immortel
Viens adorer tous deux le Dieu de la nature
Viens unir notre voix au cantique éternel !
Vois ce rayon divin que semblent respirer
Les fleurs qu'il fit éclore aux splendeurs de sa gloire;
Calices parfumés, elles disent de croire.
Messager de lumière, il nous dit d'espérer !
Pur encens de la fleur, doux rayon de la flamme,
Vous révélez de Dieu l'éternelle bonté
Aux larmes de nos coeurs aux doutes de notre âme
L'espérance et la foi versent la charité !
"Je ne puis espérer"
Paroles: Albert Délpit
Musique: Charles Gounod
Ce n'est pas même la souffrance
Qui me fait me taire et pleurer;
La douleur a son espérance,
Et moi, je ne puis espérer !
Ce n'est pas le regret qui tue,
D'une joie éclose et qui meurt;
Pour la perdre il faut l'avoir eue !
Et je n'ai pas eu ce bonheur !
Hélas ! c'est l'angoisse suprême
Que rien ne saurait exprimer !
Sentir qu'on aime et qu'on vous aime,
Et savoir qu'on ne peut s'aimer !
"Jérusalem"
Paroles: Charles Gounod
Musique: Charles Gounod
Ses tribus plaintives,
A tes temples saints ne viennent plus chanter leurs cantiques !
Ses remparts ne sont que décombres !
Ses lévites tremblent, gémissent !
Sur les fronts vierges plus de fleurs !
Son âme le plonge
Dans la douleur sans fin;
De la tristesse le poids l'oppresse !
Les larmes brûlent ses yeux !
Jérusalem !
Reviens, reviens vers le Seigneur Dieu !
Entends un Dieu sauveur !
Tends-lui le bras, rends-lui ton coeur !
"L'âme de la morte"
Paroles: Théodore Faullin de Banville
Musique: Charles Gounod
Ils se disent, ma colombe,
Que tu rêves, morte encore,
Sous la pierre d'une tombe:
Non, tu vis que je t'adore !
Tu t'éveilles ranimée,
O pensive bien-aimée !
Par les blanches nuits d'étoiles,
Dans la brise qui murmure,
Je caresse tes longs voiles,
Ta mouvante chevelure,
Et tes ailes demi-closes
Qui voltigent sur les roses.
O délices ! je respire
Tes divines tresses blondes;
Ta voix pure, cette lyre,
Suit la vague sur les ondes,
Et, suave, les effleure,
Comme un cygne qui se pleure !
"La pâquerette"
Paroles: Alexandre Dumas
Musique: Charles Gounod
Pâquerette gentille,
Sur qui brille
Un matin seulement,
La goutte de rosée,
Déposée
Par Phoebus, ton amant !
Ma belle pâquerette
Si coquette
Penchant sur le sillon,
Ta charmante corolle
D'où s'envole
Quelque blanc papillon !
Sais-tu, pauvre petite
Marguerite,
Quel sort te fait le ciel ?
Avant que ta corbeille
A l'abeille
Ait donné tout son miel !
Avant que tu te fanes
Des profanes,
Par ici passeront,
Foulant d'un pas alerte
L'herbe verte
Où se cache ton front !
Où tu verras, peut-être,
Apparaître,
Là-bas près du buisson,
Quelque vieille glaneuse,
Moissonneuse
Récoltant sa moisson !
Il faut que toute chose,
Fille ou rose,
Soit brisée à son tour,
A l'une c'est la feuille
Que l'on cueille,
A l'autre c'est l'amour !
"La reine du matin"
Paroles: Jules Barbier et Michel Carré
Musique: Charles Gounod
Comme la naissante aurore,
Se lève pâle encore
Dans l'azur des cieux,
Et bientôt étincelante
De sa clarté brûlante
Éblouit les yeux,
Tel son doux printemps rayonne,
Sous la vaine couronne
Que mit sur son front le destin.
Mais qui jamais pourra dire
Ta grâce et ton sourire,
O Balkis, reine du matin !
Sous le gaze se devine,
Dans sa splendeur divine
Sa jeune beauté !
Sur son visage réside
Une pudeur candide
Avec la fierté !
Entre l'ignorance heurese
Et l'ivresse amoureuse
Son coeur semble encor incertain !
Mais qui jamais pourra dire
Ta grâce et ton sourire,
O Balkis, reine du matin !
"La salutation angélique"
Paroles: anonyme
Musique: Charles Gounod
Je vous salue
Pleine de grâce,
Vierge Marie,
O sainte Mère.
Vous êtes bénie parmi toutes les femmes
Et béni le fruit de vos entrailles béni Jésus.
Sainte Marie,
O Vierge Mère,
Grâce pour nous! malheureux pécheurs
Au jour suprême, jour terrible,
De la colère du juste juge,
A l'heure de la mort !
Sainte Marie,
O Vierge Mère,
Pleine de grâce,
Priez pour nous malheureux pécheurs
A l'instant suprême,
A l'heure de notre mort !
Ainsi soit-il !
"Le banc de pierre"
Paroles: Paul de Choudens
Musique: Charles Gounod
Sous les grands peupliers il est un banc de pierre
Recouvert, en tout temps, de jasmin et de lierre,
C'est là, là qu'autrefois, dans le calme du soir,
Nous venions tous les deux, elle et moi, nous asseoir.
Chaque nuit nous semblait plus charmante et plus belle,
L'étoile du berger jusqu'à l'aube nouvelle
Il luminant son front radieux de beauté,
L'éclairait des rayons de sa blanche clarté !
Sa main était tremblante,
En ces instants si doux,
D'une flamme brûlante,
Oh ! nous étions heureux,
Le ciel, le ciel était en nous
Et sa voix s'unissait aux bruits de la nature,
A la brise embaumée, au ruisseau qui murmure,
Au chant des bois touffus nous versant leur fraîcheur,
A ce vague concert qui vient charmer le coeur !
Son céleste sourire
m'enivrait plus encor
Perdu dans mon délire
Ah! je voyais aux ceux passer des rêves d'or !
Maintenant rien n'est plus, mais l'image effacée
Du songe evanoui revient a ma pensée !
O regrets éternels de ce rêve si doux
Arbres, fleurs et ruisseaux il ne reste que vous !
"Le calme"
Paroles: Casimir Delavigne et Eugène Scribe
Musique: Charles Gounod
Un jour plus pur,
Un ciel d'azur
Brille à ma vue !
Rêve d'amour,
Charme en ce jour,
Charme mon âme émue !
A son fils malheureux,
Mon père pardonne !
Et le pardon des cieux
Autour de moi rayonne !
Un jour plus pur,
Un ciel d'azur
Brille à ma vue !
Rêve d'amour,
Charme en ce jour,
Charme mon âme émue !
Doux rêve d'amour !
Mais la nuit s'avance, la nuit !
Et bientôt va sonner minuit !
Si comme à l'ordinaire et sanglante, et terrible...
La nonne apparaissait... si j'entendais ses pas !
Non, non ! c'est impossible !
Ce soir... ce soir elle ne viendra pas.
Elle ne viendra pas !
Ici tout me rassure !
Et le calme de la nature
A passé dans mes sens !
Un jour plus pur,
Un ciel d'azur
Brille à ma vue!
Rêve d'amour,
Charme en ce jour,
Charme mon âme émue !
Doux rêve d'amour !
"Le chant d'Euryclée"
Paroles: François Ponsard
Musique: Charles Gounod
Je vous plains ô veuve désolée
Vous aviez un mari vaillant dans la mélée
Sage dans le conseil
Celui qui doit entrer dans ta couche déserte
Ne t'égalera pas, noble fils de Laerte,
Ulysse aux Dieux pareil.
Vous quitterez Ithaque et ses fertiles plaines
Et cette chambre antique où vous filiez vos laines
Pour un foyer lointain
Votre nouvel époux sera méchant peut être
Il va vous maltraiter et vous parler en maitre
D'un ton dur et hautain.
"Le ciel a visité la terre"
Paroles: Alexandre-Joseph de Ségur
Musique: Charles Gounod
Le ciel a visité la terre,
Mon bien-aimé repose en moi
Du saint amour c'est le mystère !
Ô mon âme adore et tais-toi !
Amour que je ne puis comprendre,
Jésus habite dans mon coeur !
Jusques là vous pouvez descendre,
Humilité de mon sauveur !
Le ciel a visité la terre,
Mon bien-aimé repose en moi
Du saint amour c'est le mystère !
Ô mon âme adore et tais-toi !
Vous savez bien que je vous aime,
Moi, qui par vous fut tant aimé !
Que tout autre amour que vous même
Par votre feu soit consumé !
Le ciel a visité la terre,
Mon bien-aimé repose en moi
Du saint amour c'est le mystère !
Ô mon âme adore et tais-toi !
À votre chair mon âme unie
De vos élus ressent la paix
Divin Jésus, sainte harmonie,
Venez en mon coeur à jamais !
Le ciel a visité la terre,
Mon bien-aimé repose en moi
Du saint amour c'est le mystère !
Ô mon âme adore et tais-toi !
"Le départ du mousse"
Paroles: Jules Barbier
Musique: Charles Gounod
Tu vas, cruel navire,
M'emporter là-bas !
Que de larmes, hélas !
Si tu ne reviens pas !
Je laisse, ô dur martyre !
Ceux que j'aime en ces lieux,
Pourquoi vers d'autres cieux
Fuir sans eux ?
Douleur amère !
Oh! revenir ! Revoir la terre
Où j'ai ma mère !
Douleur amère !
Oh! revenir ! Oh! revenir !
Revoir la terre
Où j'ai ma mère !
Ou mourir !
Revoir la terre
Où j'ai ma mère !
Revoir ma mère
Ou bien mourir !
Croit-on que la richesse
Donne le bonheur ?
Pour un espoir menteur,
Ils ont brisé mon coeur!
Riche de leur tendresse,
Que les ans étaient courts !
Ont-ils fui pour toujours,
Ces beaux jours ?
Douleur amère !
Oh! revenir ! Revoir la terre
Où j'ai ma mère !
Douleur amère !
Oh! revenir ! Oh! revenir !
Revoir la terre
Où j'ai ma mère !
Ou mourir !
Revoir la terre
Où j'ai ma mère !
Revoir ma mère
Ou bien mourir !
"Le Juif-errant"
Paroles: Pierre Jean de Béranger
Musique: Charles Gounod
Chrétien au voyageur souffrant
Tends un verre d'eau sur ta porte !
Je suis, je suis le Juif-errant
Qu'un tourbillon toujours emporte !
Sans vieillir, accablé de jours,
La fin du monde est mon seul rêve
Chaque soir j'espère toujours
Et toujours le soleil se lève!
Toujours... toujours...
Tourne la terre où moi je cours !
Toujours ! Toujours !
Seul, au pied d'arbustes en fleurs,
Sur le gazon, au bord de l'onde,
Si je repose mes douleurs,
J'entends le tourbillon qui gronde !
Mais qu'importe au ciel irrité
Cet instant passé sous l'ombrage ?
Faut-il moins que l'éternité
Pour délasser d'un tel voyage ?
Toujours... toujours...
Tourne la terre où moi je cours !
Toujours ! Toujours !
J'outrageai d'un rire inhumain
L'Homme-Dieu respirant à peine !
Mais... sous mes pas fuit le chemin...
Adieu! le tourbillon m'entraine !
Vous qui manquez de charité,
Tremblez, tremblez à mon supplice étrange !
Ce n'est pas sa Divinité,
C'est l'humanité que Dieu venge !!
Toujours... toujours...
Tourne la terre où moi je cours !
Toujours ! Toujours !
"Le lever"
Paroles: Alfred de Musset
Musique: Charles Gounod
Assez dormir, ma belle,
Ta cavale Isabelle
Hennit sous tes balcons,
Vois tes piqueurs alertes,
Et sur leurs manches vertes
Les pieds noirs des faucons.
Vois écuyers et pages,
En galants équipages,
Sans rochet ni pourpoint,
Têtes chaperonnées,
Trainer les haquenées,
Leur arbalète au poing.
Vois bondir dans les herbes
Les levriers superbes,
Les chiens trapus crier.
En chasse, et chasse heureuse !
Allons, mon amoureuse,
Le pied dans l'étrier !
Et d'abord, sous la moire,
Avec ce bras d'ivoire
Enfermons ce beau sein,
Dort la forme divine,
Pour que l'oeil la devine,
Reste aux plis du coussin.
Oh! sur ton front qui penche,
J'aime à voir ta main blanche
Peigner les cheveux noirs;
Beaux cheveux qu'on rassemble
Les matins, et qu'ensemble
Nous défaisons les soirs !
Allons, mon intrépide,
Ta cavale rapide
Frappe du pied le sol,
Et ton bouffon balance,
Comme un soldat sa lance,
Son joyeux parasol !
Mets ton écharpe blonde
Sur ton épaule ronde,
Sur ton corsage d'or,
Et je vais, ma charmante,
T'emporter dans ta mante,
Comme un enfant qui dort !
"Le nom de Marie"
Paroles: Alexandre-Joseph de Ségur
Musique: Charles Gounod
Esprits d'amour et d'harmonie
Prêtez-nous vos accents de feu
Pour chanter le nom de Marie,
Vierge, épouse et mère de Dieu !
Avant l'origine du monde,
Dieu la conçut en son esprit,
Type sacré, Terre féconde
Où devait germer Jésus-Christ !
L'Éternel, ô touchant miracle,
Voulut habiter en son coeur,
Ce fut le premier tabernacle
Où reposa le Dieu sauveur.
Esprits d'amour et d'harmonie
Prêtez-nous vos accents de feu
Pour chanter le nom de Marie,
Vierge, épouse et mère de Dieu !
Le monde languissait encore
Dans la nuit sombre et sans espoire,
Elle fut la céleste aurore
Du jour qui n'aura point desoir.
Elle est l'étoile matinale
La porte du divin séjour,
Elle est la mère virginale
De l'espérance et de l'amour.
Esprits d'amour et d'harmonie
Prêtez-nous vos accents de feu
Pour chanter le nom de Marie,
Vierge, épouse et mère de Dieu !
Elle console ceux qui pleurent
En leur montrant le Crucifix,
Elle sourit à ceux qui meurent
Dans le saint baiser de son fils !
Jésus mourant sur le Calvaire
Lui légua son peuple orphelin,
Elle est l'universelle mère
Et l'asile du genre humain !
Esprits d'amour et d'harmonie
Prêtez-nous vos accents de feu
Pour chanter le nom de Marie,
Vierge, épouse et mère de Dieu !
"Le premier jour de mai"
Paroles: Jean Passerat
Musique: Charles Gounod
Laissons le lit et le sommeil
Cette journée,
Pour nous l'aurore au front vermeil
Est déjà née.
Or que le ciel est le plus gai
En ce gracieux mois de Mai,
Aimons Mignonne !
Contentons notre ardent désir,
En ce monde n'a du plaisir
Qui ne s'en donne.
Viens, belle !
Viens te promener
Dans ce bocage,
Entends les oiseaux jargonner
De leur ramage.
Mais écoute comme sur tous
Le rossignol est le plus doux,
Oui, le plus doux
Sans qu'il se lasse,
Oublions tout deuil, tout ennui
Pour nous rejouir comme lui,
Le temps se passe.
Laissons les regrets et les pleurs
A la vieillesse,
Jeunes il faut cueillir les fleurs
De la jeunesse.
Or que le ciel est le plus gai.
"Le retour de Tobie"
Paroles: Hippolyte Lefevre
Musique: Charles Gounod
Pressez-moi bien entre vos bras
O moment plein de charmes
Je vois vos yeux mouillés de douces larmes
Allez, ne les retenez pas
O moment plein de charmes
Je vois couler vos larmes,
Ne les retenez pas!
Aimez, aimez ainsi que moi ce compagnon fidèle
Dont la bonté, dont le saint zèle
Ont servi de soutien à mon pas chancelant !
Par lui se sont passés le chagrins de l'absence,
Par lui, par lui les dangers, la souffrance
Mère ont épargné votre enfant
Les dangers, la souffrance ont épargné votre enfant.
"Le soir"
Paroles: Alphonse de Lamartine
Musique: Charles Gounod
Le soir ramène le silence.
Assis sur ces rochers déserts,
Je suis dans le vague des airs
Le char de la nuit qui s'avance.
Vénus se lève à l'horizon;
A mes pieds l'étoile amoureuse
De sa lueur mystérieuse
Blanchit les tapis de gazon.
Tout à coup détaché des cieux,
Un rayon de l'astre nocturne,
Glissant sur mon front taciturne,
Vient mollement toucher mes yeux.
Doux reflet d'une globe de flamme,
Charmant rayon que me veux-tu ?
Viens-tu dans mon sein abattu
Porter la lumière à mon âme ?
Descends-tu pour me révéler
Des mondes le divin mystère ?
Ces secrets cachés dans la sphère
Où le jour va te rappeler ?
Viens-tu dévoiler l'avenir
Au coeur fatigué qui t'implore?
Rayon divin, es-tu l'aurore
Du jour qui ne doit pas finir ?
"Le souvenir "
Paroles: Joseph Collin
Musique: Charles Gounod
Qu'es-tu donc, pour que je t'appelle,
Souvenir, que répond sans bruit ?
Pourquoi t'espérer si fidèle
Alors que tout s'évanouit ?
Je ne suis rien! rien que l'image
L'écho le reflet du passé,
Rien que l'empreinte du voyage
Le trait qui reste ineffacé.
Oui, je suis le dépositaire,
Le sûr gardien de ton trésor !
Je t'ai sauvé, dans le mystère,
Chaque parcelle de ton or !
Je suis l'hôte de ta demeure,
L'ami du matin et du soir,
L'assidu témoin de toute heure,
Le confident de tout espoir !
Toujours près de toi, je recueille
Les rameaux flétris et brisés
Et je réunis, feuille à feuille,
Les débris qu'on croit dispersés !
Par moi le regret a des charmes,
Par moi s'embellit la douleur,
Elle aime jusques à ses larmes,
Je suis le vrai consolateur !
Je suis le compagnon de route
Qui suivra tes pas jusqu'au bout !
Seul, à présent, je parle; écoute
Je ne suis rien! rien! mais je suis tout !
"Le vallon"
Paroles: Alphonse de Lamartine
Musique: Charles Gounod
Mon coeur, lassé de tout, même de l'espérance,
N'ira plus de ses voeux importuner le sort;
Prêtez-moi seulement, vallons de mon enfance,
Un asile d'un jour pour attendre la mort.
D'ici je vois la vie, à travers un nuage,
S'évanouir pour moi dans l'ombre du passé;
L'amour seul est resté: comme une grande image
Survit seule au réveil dans un songe effacé.
Repose-toi, mon âme, en ce dernier asile,
Ainsi qu'un voyageur, qui, le coeur plein d'espoir,
S'assied avant d'entrer aux portes de la ville,
Et respire un moment l'air embaumé du soir.
Tes jours, sombres et courts comme des jours d'automne,
Déclinent comme l'ombre au penchant des coteaux;
L'amitié te trahit, la pitié t'abandonne,
Et, seule, tu descends le sentier des tombeaux.
Mais la nature est là qui t'invite et qui t'aime;
Plonge-toi dans son sein qu'elle t'ouvre toujours;
Quand tout change pour toi, la nature est la même,
Et le même soleil se lève sur tes jours.
"Les Bacchantes"
Paroles: Jules Barbier et Michel Carré
Musique: Charles Gounod
Filles d'Athor, folles Bacchantes,
Dansez en vous donnant la main,
Suivez le choeur des Corybantes
Au bruit des Crotales d'airain.
Les loups et les panthères
Cachés au fond des bois
A notre voix
Quittent leurs antres solitaires.
Bravons le ciel en feu,
Le plaisir seul est Dieu !
Ah !
Filles d'Athor, folles Bacchantes,
Dansez en vous donnant la main,
Suivez le choeur des Corybantes
Au bruit des Crotales d'airain.
"Les champs"
Paroles: Pierre Jean de Béranger
Musique: Charles Gounod
Rose partons; voici l'aurore:
Quitte des oreillers si doux.
Entends-tu la cloche sonore
Marquer l'heure du rendez-vous ?
Cherchons, loin du bruit de la ville,
Pour le bonheur un sûr asile.
Viens aux champs couler d'heureux jours;
Les champs ont aussi leurs amours !
Viens aux champs fouler la verdure;
Donne le bras à ton amant;
Rapprochons-nous de la nature
Pour nous aimer plus tendrement.
Des oiseaux la troupe éveillée
Nous appelle sous la feuillée.
Viens aux champs couler d'heureux jours;
Les champs ont aussi leurs amours !
Allons visiter des rivages
Que tu croiras des bords lointains.
Je verrai sous d'épais ombrages
Tes pas devenir incertains.
Le désir cherche un lit de mousse.
Le monde est loin, l'herbe est si douce.
Viens aux champs couler d'heureux jours;
Les champs ont aussi leurs amours !
C'en est fait. Adieu, vains spectacles !
Adieu, Paris où je me plus,
Où les beaux-arts font des miracles,
Où la tendresse n'en fait plus !
Rose, dérobons à l'envie
Le doux secret de notre vie.
Viens aux champs couler d'heureux jours;
Les champs ont aussi leurs amours !
"Les naïdes"
Paroles: François Ponsard
Musique: Charles Gounod
Le soleil monte et brûle
Le sable au bord des mers,
L'ardente canicule
Flétrit les gazons verts.
Fuyons ô ma compagne !
La chaleur qui nous gagne
Au pied de la montagne
Où dans les ruisseaux clairs
Au bruit de l'eau sonore
Tombant de mon amphore
Mes deux yeux vont se clore
Sur un lit de roseaux.
Le soleil monte monte et brûle
Le sable au bord des mers,
Fuyons vers la montagne
Où dans les ruisseaux clairs.
"Ma belle amie est morte"
Paroles: Théophile Gautier
Musique: Charles Gounod
Ma belle amie est morte,
Je pleurerai toujours;
Sous la tombe elle emporte
Mon âme et mes amours.
Dans le ciel, sans m'attendre,
Elle s'en retourna;
L'ange qui l'emmena
Ne voulut pas me prendre.
Que mon sort est amer!
Ah ! sans amour s'en aller sur la mer !
La blanche créature
Est couchée au cercueil;
Comme dans la nature
Tout me paraît en deuil!
La colombe oubliée
Pleure et songe à l'absent;
Mon âme pleure et sent
Qu'elle est dépareillée.
Que mon sort est amer !
Ah! sans amour s'en aller sur la mer !
Sur moi la nuit immense
S'étend comme un linceul,
Je chante ma romance
Que le ciel entend seul.
Ah ! comme elle était belle,
Et comme je l'aimais!
Je n'aimerai jamais
Une femme autant qu'elle
Que mon sort est amer !
Ah! sans amour s'en aller sur la mer !
S'en aller sur la mer !
"Magali"
Paroles: Michel Carré
Musique: Charles Gounod
La brise est douce et parfumée,
L'oiseau s'endort sous la ramée
Au fond du bois silencieux,
Au fond du bois silencieux.
La nuit sur nous étend son voile
Et dans les cieux
Je vois une amoureuse étoile
Lui à mes yeux !
O Magali, ma bienaimée,
Fuyons tous deux sous la ramée,
Au fond du bois silencieux,
Au fond du bois silencieux.
La nuit sur nous étend ses voiles,
Et tes beaux yeux
Vont faire pâlir les étoiles
Au sein des cieux.
Non, non, je me fais hirondelle
Et je m'envole à tire d'aile,
Tu peux aller au bois seulet.
Adieu donc, fuis a perdre haleine,
Pauvre oiselet,
L'oiseleur te prendra sans peine
A son filet.
C'est en vain que tu me crois prise,
Je suis nuage ! Et moi la brise,
Je t'emporte dans un rayon.
Je suis le bleuet qui sommeille
Dans le sillon.
Pour t'avoir je me fais abeille
Ou Papillon...
Le cloitre enfin m'ouvre ses portes,
Je suis le missel que tu portes.
C'est moi qui te consolerai
Si tu me suis au monastère,
La, je mourrai.
Alors je me ferai la terre
Et je t'aurai...
Maintenant, je me crois aimée,
Fuyons tous deux sous la ramée,
Au fond du bois silencieux,
Au fond du bois silencieux.
La nuit sur nous étend son voile
Et dans les cieux
Je vois une amoureuse étoile
Luire à mes yeux !
"Marguerite"
Paroles: Alexandre-Onesime Pradère
Musique: Charles Gounod
Si le bonheur à sourire t'invite,
Joyeux alors, je sens un doux émoi;
Si la douleur t'accable, Marguerite,
Je pleure alors comme toi.
Comme deux fleurs sur une même tige,
Notre destin suivait le même cours;
De tes chagrins en frère je m'afflige;
Comme une soeur de t'aimerai toujours !
"Medjé"
Paroles: Jules Barbier
Musique: Charles Gounod
O Medjé, qui d'un sourire
Enchaînas ma liberté,
Sois fière de ton empire,
Commande à ma volonté.
Naguère encore, sans entraves,
Comme l'oiseau dans les airs,
Ton regard a fait esclave
Le libre enfant des déserts.
Medjé ! Medjé !
La voix de l'amour même
Devrait te désarmer !
Hélas ! Tu doutes que je t'aime
Quand je meurs de t'aimer !
Ces bijoux que l'on t'envie,
J'ai vendu pour les payer,
Ingrate, plus que ma vie
Mes armes et mon coursier!
Et tu demandes quels charmes
Tiennent mon coeur enivré ?
Tu n'as donc pas vu ses larmes ?
Toute la nuit j'ai pleuré !
Medjé ! Medjé !
Les pleurs de l'amour même
Devraient te désarmer !
Hélas ! Tu doutes que je t'aime
Quand je meurs de t'aimer !
Tu veux lire dans mon âme
Pour y voir ton nom vainqueur !
Eh bien ! prends donc cette lame
Et plonge là dans mon coeur !
Regarde sans épouvante
Et sans regrets superflus
Ton image encore vivante
Dans ce coeur qui ne bat plus !
Medjé ! Medjé !
Le sang de l'amour même
Devrait te désarmer !
Hélas ! Tu doutes que je t'aime
Quand je meurs de t'aimer !
"Mignon"
Paroles: Louis Gallet d'après Goethe
Musique: Charles Gounod
Connais-tu le pays où dans l'immense plaine
Brille comme de l'or le fruit des orangers
Où sous des cieux bénis une amoureuse haleine
Recueille et porte au loin le parfum des vergers ?
Ce pays où le jour plus radieux se lève
Le connais-tu, dis-moi le connais-tu ?
C'est là, mon bien-aimé, que m'emporte mon rêve !
C'est là, que je voudrais m'en aller avec toi !
Connais-tu la maison toute blanche et posée
Dans les bosquets de myrte aimés des papillons
Et les champs lumineux où la fraiche rosée
Sème ses diamants dans l'herbe des sillons ?
Ce pays où le jour plus radieux se lève
Le connais-tu, dis-moi le connais-tu ?
C'est là, mon bien-aimé, que m'emporte mon rêve !
C'est là, que je voudrais m'en aller avec toi !
"Mon habit"
Paroles: Pierre Jean de Béranger
Musique: Charles Gounod
Sois-moi fidèle, ô pauvre habit que j'aime !
Ensemble nous devenons vieux.
Depuis dix ans je te brosse moi-même,
Et Socrate n'eut pas fait mieux !
Quand le sort à ta mince étoffe
Livrerait de nouveaux combats,
Imite-moi, résiste en philosophe:
Mon vieil ami, ne nous séparons pas.
Je me souviens, car j'ai bonne mémoire,
De premier jour où je te mis.
C'était ma fête, et pour comble de gloire,
Tu fus chanté par mes amis.
Ton indigence, qui m'honore,
Ne m'a point banni de leur bras,
Tous ils sont prêts à nous fêter encore:
Mon vieil ami, ne nous séparons pas.
A ton revers j'admire une reprise;
C'est encore au doux souvenir.
Feignant un jour de fuir la tendre Lise,
Je sens sa main me retenir.
On te déchire, et cet outrage
Auprès d'elle enchaîne mes pas.
Lisette a mis deux jours à tant d'ouvrage:
Mon vieil ami, ne nous séparons pas.
Ne crains plus tant ces jours de courses vaines
Où notre destin fut pareil;
Ces jours mêlés de plaisirs et de peines,
Mêlés de pluie et de soleil.
Je dois bientôt, il me le semble,
Mettre pour jamais habit bas.
Attends un peu; nous finirons ensemble:
Mon vieil ami, ne nous séparons pas.
"Ni l'or ni la grandeur"
Paroles: Jean de La Fontaine
Musique: Charles Gounod
Ni l'or ni la grandeur ne nous rendent heureux;
Ces deux divinités n'accordent à nos voeux
Que des biens peu certains, qu'un plaisir peu tranquille:
Des soucis dévorants c'est l'éternel asile;
Le sage y vit, en paix, errant parmi les bois;
Il regard à ses pieds les favoris des Rois;
Il lit au front de ceux qu'un vain luxe environne
Que la fortune vend ce qu'on croit qu'elle donne.
Approche-t-il du but, quitte-t-il ce séjour,
Rien ne trouble sa fin: c'est le soir d'un beau jour.
"Noël"
Paroles: Jules Barbier
Musique: Charles Gounod
Montez à Dieu, chants d'allégresse !
O coeurs brûlés d'un saint amour.
Chantez Noël! voici le jour
Le ciel entier frémit d'ivresse !
Que la nuit sombre disparaisse!
Voici le jour! voici le jour !
Montez à Dieu, chants d'allégresse !
Ô Vierge mère, berce encore
L'enfant divin, et dans ses yeux
Aspire la clarté des cieux !
De son regard, céleste aurore,
Sur ton front pur qui se colore.
Une auréole semble éclore !
Une auréole semble éclore !
Ô Dieu sauveur, ma voix t'appelle,
De tes enfants j'entends le choeur
Remplir les cieux d'un chant vainqueur !
Laisse à mon âme ouvrir son aîle !
Qu'elle s'envole et sente en elle
Qu'elle s'envole et sente en elle
Rayonner ta flamme éternelle.
"Notre-Dame des petits enfants"
Paroles: Alexandre-Joseph de Ségur
Musique: Charles Gounod
O Vierge sainte, Vierge mère !
Gloire et couronne des élus
Qui dans vos bras, divin mystère,
Avez porté l'enfant Jésus !
Vous qu'en tout lieux l'Eglise implore
Sous mille noms doux et charmants
Laissez-nous vous nommer encore
Madone des petits enfants!
Les enfants ressemblent aux anges,
Ils sont comme aux humbles et doux,
Comme eux ils chantent les louanges
Du Dieu bon qui naquit de vous !
En son séjour sur cette terre
Les enfants couraient sur ses pas;
Pour eux tendre comme une mère
Jésus ne les repoussait pas.
Vierge sans tache, ô nouvelle Eve !
Agréez leurs voeux innocents !
Que leur amour vers vous s'élève
Comme un parfum de pur encens !
Écoutez les saintes prières
Qui montent des coeurs maternels,
Gardez les enfants et les mères
Dans la paix des biens éternels.
"Nuit silencieuse"
Paroles: Paul Poirson et Louis Gallet
Musique: Charles Gounod
Nuit resplendissante et silencieuse
Ah ! verse en mon coeur
Ta paix et ta douceur
Dans tes profondeurs, nuit délicieuse,
Les astres en feu
Dorment dans l'éther bleu,
Une brise pure,
Une vague murmure,
Sous le ciel clair,
Glissent dans l'air
Sans éveiller la tranquille nature !
Seule, je veille, et le coeur plein d'émoi,
Tandis que passe l'heure lente,
En vain j'implore, frissonnante,
Le calme solennel qui règne autour de moi
Nuit resplendissante et silencieuse !
Ah ! verse en mon coeur
Ta paix et ta douceur
Dans tes profondeurs, nuit délicieuse,
Les astres en feu
Dorment dans l'éther bleu,
Une brise pure,
Une vague murmure,
Sous le ciel clair,
Glissent dans l'air
Sans éveiller la tranquille nature!
Seule, je veille, et le coeur plein d'émoi,
J'implore en vain la paix qui règne autour de moi !
"O ma belle rebelle!"
Paroles: Jean-Antoine de Baïf
Musique: Charles Gounod
O ma belle rebelle !
Las ! que tu m'es cruelle,
Ou quand d'une doux souris,
Larron de mes esprits,
Ou quand d'une parole,
Mignardètement molle,
Ou quand d'une regard d'yeux
Fièrement gracieux,
Ou quand d'un petit geste,
Tout divin, tout céleste,
En amoureuse ardeur
Tu plonges tout mon coeur !
O ma belle rebelle !
Las ! que tu m'es cruelle,
Quand la cuisante ardeur
Qui me brule le coeur
Fait que je te demande,
A sa brûlure grande,
Un rafraichissement
D'un baiser seulement.
O ! ma belle rebelle !
Las, que tu m'es cruelle,
Quand d'un petit baiser
Tu ne veux m'apaiser.
Me puisse-je un jour, dure !
Venger de ton injure;
Mon petit maître amour
Te puisse outrer un jour,
Et pour moi langoureuse
Il te fasse amoureuse
Comme il m'a langoureux
Pour toi fait amoureux.
Alors, par ma vengeance
Tu auras connaissance
Quel mal fait du baiser
Un amant refuser.
"O ma lyre"
Paroles: Émile Augier
Musique: Charles Gounod
O ma lyre immortelle,
Qui dans les tristes jours
A tous mes maux fidèle
Les consolait toujours !
En vain ton doux murmure
Veut m'aider à souffrir,
Non, tu ne peux guérir
Ma dernière blessure;
Ma blessure est au coeur
Seul le trépas peut finir ma douleur.
Adieu, flambeau du monde,
Descends au sein des flots,
Moi, je descends sous l'onde,
Dans l'Eternel repos.
Le jour qui doit éclore,
Phaon, luira pour toi,
Mais, sans penser à moi,
Tu reverras l'aurore.
Ouvre-toi gouffre amer
Je vais dormir pour toujours dans la mer.
"Oiseaux! taisez-vous! "
Paroles: Jules Barbier et Michel Carré
Musique: Charles Gounod
Je portais dans une cage
Deux moineaux que j'avais pris,
Lorsque la jeune Chloris
Fit dans un sombre bocage
Briller à mes yeux surpris
Les fleurs de son beau visage,
Hélas! dis-je aux moineaux,
En recevant les coups de ces yeux
si savants à faire des conquêtes,
Consolez-vous, pauvres petites bêtes,
Celui qui vous a pris est bien plus pris que vous.
Dans vos chants si doux
Chantez à ma belle,
Oiseaux, chantez tous,
Ma peine mortelle.
Mais si la cruelle
Se met en courroux
Au récit fidèle
Des maux que je ressens pour elle,
Oiseaux, taisez-vous
Si la cruelle se met en courroux
Taisez-vous, taisez-vous, oiseaux, taisez-vous.
"Parle-moi d'elle"
Paroles: Jules Barbier et Michel Carré
Musique: Charles Gounod
J'aimais jadis une cruelle
Qui ne paya que de mépris
Mon coeur épris,
L'oiseau lui portait sous son aile
Ce que m'inspirait chaque jour
Le Dieu d'amour !
Tout en riant de ma tendresse,
Elle flattait sans y songer
Le messager
Et quelquefois, d'une caresse.
Le doux parfum lui demeurait
Et m'enivrait !
Oiseau fidèle,
Mon seule trésor !
Parle-moi d'elle tout bas encor !
Oiseau fidèle,
Mon seule trésor !
Parle-moi d'elle tout bas encor !
Ayant un jour pris sous l'ombrage
L'oiseau qui jouait près de nous
Sur ses genoux
Elle admira son fin plumage
Et je vis sa lèvre
y poser un doux baiser !
Plaisir et douleur de ma vie,
Ce baiser charmant et moqueur
Brûle mon coeur,
Le doux oiseau me rappelle Sylvie,
Et d'un nom que j'ai tant aimé
Je l'ai nommé !
Oiseau fidèle,
Mon seule trésor !
Parle-moi d'elle tout bas encor !
Oiseau fidèle,
Mon seule trésor !
Parle-moi d'elle tout bas encor !
"Pitié pour mes larmes "
Paroles: Michel Carré
Musique: Charles Gounod
A vos pieds, hélas, me voilà,
Je suis sans défense et sans armes,
Si ma pauvre mère était là
Elle aurait pitié de mes larmes.
Son âme était clémente et bonne,
Mes pleurs se séchaient sous sa main,
Et dans les cieux elle pardonne
A l'enfant qui vous prie en vain!
Ah ! c'en est fait... je désespère
Si Dieu ne vient me secourir
Vous voulez donc me voir mourir
Comme elle, répondez mon père ?
A vos pieds, hélas, me voilà,
Je suis sans défense et sans armes,
Si ma pauvre mère était là
Elle aurait pitié de mes larmes.
"Prends garde!"
Paroles: Jules Barbier
Musique: Charles Gounod
C'est une fille belle à voir !
Regarde !
L'oeil est d'azur, le coeur est noir !
Prends garde !
N'y crois pas !
Elle ment, hélas !
Son front est chaste et radieux !
Regarde !
Mais queléclair brille en ses yeux !
Prends garde !
N'y crois pas !
Elle ment, hélas !
Ses beaux cheveux
Sont couleur d'or,
Regarde !
Mais crains son coeur
Plus faux encor !
Prends garde !
N'y crois pas !
Elle ment, hélas !
"Prière du soir "
Paroles: Eugène Manuel
Musique: Charles Gounod
Je veux prier: l'heure est propice,
Déjà le voile de la nuit
De l'horizon remonte et glisse
Sur la ville où meurt chaque bruit.
Je veux reporter ma pensée
Vers l'image trop effacée
D'un Dieu qui n'a pas de rigueur,
Et rallumer, par la prière,
Quelques rayons d'une lumière
Qui s'éteint presque dans mon coeur.
Hélas! prends ton vol, ô mon âme, entr'ouvre tes deux ailes !
Tout semble t'inviter, le temps, l'heure et le lieu;
Soulage les ennuis qu'en secret tu recèles
Les hommes ont le jour, le soir est fait pour Dieu !
"Primavera"
Paroles: Théophile Gautier
Musique: Charles Gounod
Tandis qu'à leurs oeuvres perverses
Les hommes courent, courent haletants.
Mars qui rit, malgré les averses.
Mars prépare en secret le printemps !
Pour les petites pâquerettes,
Sournoisement lorsque tout dort,
Il repasse des collerettes
Et cisèle des boutons d'or !
La nature au lit se repose
Lui descend au jardin désert
Et lace les boutons de rose
Dans leur corset de velours vert !
Sur le cresson de la fontaine
Où boit le cerf, l'oreille anguet,
De sa main cachée il égrène
Les grelots d'argent du muguet !
Sous l'herbe, pour que tu la cueilles,
Il met la fraise au teint vermeil,
Et te tresse un chapeau de feuilles,
Pour te garantir du soleil !
Puis lorsque sa besogne est faite,
Et que son règne va finir.
Au seuil d'Avril tournant la tête,
Il dit: Printemps, tu peux venir !
"Qui vivra verra"
Paroles: Jules Barbier et Michel Carré
Musique: Charles Gounod
Que fais-tu, blanche tourterelle,
Dans ce nid de vautours ?
Quelque jour, déployant ton aîle,
Tu suivras les amours !
Aux vautours, il faut la bataille;
Pour frapper d'estoc et de taille,
Leurs becs sont aiguisés !
Laisse là ces oiseaux de proie.
Tourterelle, qui fais ta joie
Des amoureux baisers !
Gardez bien la belle !
Qui vivra verra !
Votre tourterelle
Vous échappera.
Un ramer, loin du vert bocage,
Par l'amour attiré,
A l'entour de ce nid sauvage
A, je crois, soupiré !
Les vautours sont à la curée,
Leurs chansons, que fuit Cythérée,
Résonnent à grand bruit !
Cependant, en leur douce ivresse.
Nos amants content leur tendresse
Aux astres de la nuit !
Gardez bien la belle !
Qui vivra verra !
Votre tourterelle
Vous échappera.
"Repentir"
("O Divine Redeemer")
Paroles: Charles Gounod
Musique: Charles Gounod
Ah! ne repousse pas mon âme pécheresse !
Entends mes cris, entends mes cris et vois mon repentir !
A mon aide, Seigneur, hâte-toi d'accourir
Et prends pitié de ma détresse !
Et prends pitié de ma détresse !
De la justice vengeresse
Détourne les coups, mon Sauveur !
De la justice vengeresse
Détourne les coups, mon Sauveur !
O Divin Rédempteur !
O Divin Rédempteur !
Pardonne à ma faiblesse,
Pardonne, pardonne à ma faiblesse !
Pardonne ! Oh divin rédempteur !
Pardonne à ma faiblesse,
Pardonne, pardonne à ma faiblesse !
Dans le secret des nuits je répandrai mes pleurs
Je meurtrirai ma chair sous le poids du cilice
Et mon coeur altéré du sanglant sacrifice
Bénira de ta main les clémentes rigueurs.
O Divin Rédempteur !
O Divin Rédempteur !
Pardonne à ma faiblesse,
Pardonne, pardonne à ma faiblesse !
De la justice vengeresse
Détourne les coups, mon Sauveur !
O Divin Rédempteur !
Pardonne à ma faiblesse !
Version latine:
Parce, parce Domine,
Parce populo tuo !
Parce, parce Domine,
parce populo tuo !
Exaudi me, exaudi vocem meam,
Domine ! Domine Deus meus,
Deus fortis et potens !
Quia peccavi, inte speravi,
Parce peccatis,
Deus meus !
Ad te clamavi, ad te confugi,
in misericordiâ tuâ !
Domine Deus, Deus meus !
in misericordiâ tuâ !
Anima mea
Anima Mea
Speravit in Domino,
speravit anima, anima mea !
Speravit animamea,
speravit in Domino, peravit animamea !
Amplius lava me,
et a peccato meo,
et a peccato meo,
munda me, Domine.
Domine Deus meus,
Deus fortis et potens,
munda me,
Domine a peccato meo !
Anima mea
Anima Mea
Speravit in Domino,
speravit anima, anima mea !
In tuâ justitiâ,
In miserecordiâ tuâ,
Deprecationem exaudi,
in te speravi !
Version anglaise:
Ah ! Turn me not away,
Receive me though unworthy.
Ah ! Turn me not away,
Receive me though unworthy.
Hear Thou my cry,
Hear Thou my cry,
Behold, Lord, my distress !
Answer me from Thy throne,
Haste Thee, Lord to mine aid !
Thy pity show in my deep anguish,
Thy pity show in my deep anguish !
Let not the sword of vengeance smite me,
Though righteous Thine anger,
O Lord ! Shield me in danger, O regard me !
On Thee, Lord, alone will I call !
O Divine Redeemer !
O Divine Redeemer !
I pray Thee, grant me pardon,
And remember not, remember not my sins !
Forgive me ! O Divine Redeemer !
I pray Thee, grant me pardon,
And remember not, remember not, O Lord, my sins !
Night gathers round my soul,
Fearful, I cry to Thee,
Come to mine aid, O Lord !
Haste Thee, Lord, haste to help me !
Hear my cry, hear my cry !
Save me Lord in Thy mercy;
Hear my cry, hear my cry !
Come and save me, O Lord !
O Divine Redeemer !
O Divine Redeemer !
I pray Thee, grant me pardon,
And remember not, remember not, O Lord, my sins !
Save, in the day of retribution,
From death shield Thou me, O my God !
O Divine Redeemer, have mercy !
Help me, my Savior !
"Rêverie "
Paroles: Jules Barbier
Musique: Charles Gounod
Sur le flot des rêves,
Loin des grèves,
Dieu des amours
Berce nos beaux jours,
Sur le flot des rêves,
Berce nos beaux jours,
Dieu des amours !
Brise pure,
Ton murmure,
Dans la nuit s'envole et fuit.
Ah ! L'hirondelle
D'un coup d'aile
Rase l'eau sans bruit.
Sur le flot des rêves,
Loin des grèves,
Dieu des amours
Berce nos beaux jours,
Sur le flot des rêves,
Berce nos beaux jours,
Dieu des amours !
Le ciel même
Quand on aime,
Sans effort
Vous guide au port.
Ah !
Et la vie
Vous convie
De braver le sort.
Sur le flot des rêves,
Loin des grèves,
Dieu des amours
Berce nos beaux jours,
Sur le flot des rêves,
Berce nos beaux jours,
Dieu des amours !
"Sainte ivresse "
Paroles: Michel Carré
Musique: Charles Gounod
Sainte ivresse, divine extase,
Pur transport dont mon coeur s'embrâse,
Rêve heureux, doux enchantement !
Le ciel même
S'ouvre et s'enflamme,
Et dans l'air et dans mon âme,
Dans l'air et dans mon âme
Tout est joie et rayonnement !
Du divin Paradis, à moi voix descendues,
Les deux saintes
Viennent à moi
Conduites par un ange aux ailes étendues;
Je les voi! Je les voi !
Sainte ivresse, divine extase,
Pur transport dont mon coeur s'embrâse,
Rêve heureux, doux enchantement !
Le ciel même
S'ouvre et s'enflamme,
Et dans l'air et dans mon âme,
Dans l'air et dans mon âme
Tout est joie et rayonnement !
"Sérénade"
Paroles: Victor Hugo
Musique: Charles Gounod
Quand tu chantes, bercée
Le soir entre mes bras,
Entends-tu ma pensée
Qui te répond tout bas ?
Ton doux chant me rappelle
Les plus beaux de mes jours.
Ah ! chantez, chantez, ma belle,
Chantez, chantez toujours !
Quand tu ris, sur ta bouche
L'amour s'épanouit,
Et soudain le farouche
Soupçon s'évanouit.
Ah ! le rire fidèle prouve un coeur sans détours !
Ah ! riez, riez, ma belle,
Riez, riez toujours !
"Seule !"
Paroles: Alphonse de Lamartine
Musique: Charles Gounod
Voilà les feuilles sans sève
Qui tombent sur le gazon,
Voilà le vent qui s'élève
Et gémit dans le vallon !
Voilà l'errante hirondelle
Qui rase du bout de l'aîle
L'eau dormante des marais;
Voilà l'enfant des chaumières
Qui glane sur les bruyères
Le bois tombé des forêts !
La brebis sur les collines
Ne trouve plus le gazon
Son agneau laisse aux épines
Les débris de sa toison !
La mer solitaire et vide
N'est plus qu'un désert aride
Où l'oeil cherche en vain l'esquif
Et sur la grève plus sourde
La vague orageuse et lourde
N'a qu'un murmure plaintif !
C'est alors que ma paupière
Vous vit pâlir et mourir,
Tendres fruits qu'à la lumière
Dieu n'a pas laissé murir !
Quoique jeune sur la terre
Je suis déjà solitaire
Parmi ceux de ma saison
Et quand je dis en moi même:
"Où sont ceux que ton coeur aime ?"
Je regarde le gazon !!
"Si la morte est le but"
Paroles: Louise Angelique Bertin
Musique: Charles Gounod
Si la morte est le but pourquoi donc sur les routes
Est-il dans les buissons de si charmantes fleurs
Et lorsqu'au vent d'automne elles s'envolent toutes
Pourquoi les voir partir d'un oeil mouillé de pleurs ?
Si la vie est le but, pourquoi donc sur les routes
Tart de pierres dans l'herbe et d'epines aux fleurs
Que pendant le voyage, hélas ! nous devons toutes
Tacher de notre sang ou mouiller de nos pleurs !
Mais le ciel est le but! sur les divines routes
L'espérance et la foi sêment palmes et fleurs !
Avant le jour fatal sachons les cueillir toutes
Et l'éternel amour viendra sécher nos pleurs !
"Solitude"
Paroles: Alphonse de Lamartine
Musique: Charles Gounod
Je sais sur la colline
Une blanche maison
Un rocher la domine
Un boisson d'aubépine
Est tout son horizon.
Là jamais ne s'élève
Bruit qui fasse penser !
Jusqu'à ce qu'il s'achève
Un peut mener son rêve
Et le recommencer !
Le clocher du village
Surmonte ce séjour
Sa voix comme un hommage
Monte au premier nuage
Que colore le jour !
Signal de la pière
Elle part du saint lieu
Appelant, la première,
L'enfant de la chaumière,
A la maison de Dieu !
La fenêtre est tournée
Vers le champs des tombeaux
Où l'herbe moutonnée
Couvre après la journée
Le sommeil des hameaux !
Paix et melancolie
Veillent là près des morts !
Et l'âme recueillie
Des vagues de la vie
Croit y toucher les bords !
"Sur la montagne"
Paroles: Jules Barbier
Musique: Charles Gounod
Sur cette croix jadis immonde,
Les pieds percés de clous,
Le Rédempteur divin du monde,
Jésus mourut pour nous !
Nul ne saura, nul ne peut dire
L'horreur de son tourment!
Ce que tu sais c'est le martyre
D'un Dieu mort en t'aimant !
Pour te sauver du noir abime,
Lui, fils du Tout-puissant,
Il s'est offert, sainte victime,
Et t'a donné son sang !
Quel autre coeur d'un tel calice
Eut épuisé le fiel ?
Il eut le prix de son supplice
En nous ouvrant le ciel !
Il aime! Son amour déborde !
Oh! le céleste appui!
Croyons en sa miséricorde,
Aimons, vivons en lui !
"Sylvie"
Paroles: Jules Barbier et Michel Carré
Musique: Charles Gounod
Que de rêves charmants emportés sans retour !
Que de fragiles chaînes !
Que de promesses vaines,
Que de serments trompeurs d'un éternel amour
Oubliés ou trahis, avant la fin du jour !
Lui seul, ingrate Sylvie,
En te donnant son âme, en te donnant sa vie,
Lui seul, ingrate Sylvie,
Lui seul, hélas! ne mentait pas !
J'accueillais ses aveux d'un sourire vainqueur,
Je riais de sa flamme,
Je torturais son âme,
Et malgré mes dédains et mon refus moqueur
L'amour qu'il me jurait vit encor dans son coeur !
Lui seul, ingrate Sylvie,
En te donnant son âme,
En te donnant sa vie,
Lui seul, ingrate Sylvie,
Lui seul, hélas! ne mentait pas !
"Temple ouvre-toi"
Paroles: Ernest-Wilfrid Legouvé
Musique: Charles Gounod
Depuis dix jours j'erre de ville en ville
Avec mon enfant dans les bras !
Des autels le pieux asile
Le disputerait au trépas;
Mais plus d'autels, plus d'abris tutélaires,
Tous se sont fermés devant moi !
O dernier refuge des mères
Ouvre-toi! saint temple, ouvre-toi !
Mon coeur brisé n'a plus qu'une espérance,
O vierge céleste, ici-bas.
Tu connus aussi ma souffrance,
Ton enfant est mort dans tes bras.
Unis ta voix à mes humbles prières,
Du haut des cieux dis avec moi !
O dernier refuge de mères
Ouvre-toi ! saint temple, ouvre-toi !
"Tombez, mes ailes"
Paroles: Ernest-Wilfrid Legouvé
Musique: Charles Gounod
Petite fourmi sérieuse,
Qui travailles sur ce sillon,
Hier au ciel, comme un gai papillon,
Tu volais vive et rieuse !
D'où vient, dis-moi, d'où vient qu'avant l'hiver,
De papillon devenu ver,
Tu rampes et tu n'as plus d'ailes ?
Où donc sont-elles ?
Depuis hiver ?
Fille de l'air,
Où sont tes ailes ?
Hier j'étais heureuse et folatre,
Hier j'étais aimée et j'aimais !
Hier avec lui je m'élançais
Dans les flots de l'éther bleuatre !
En aimant,
Couple aérien,
Nous passions il est un lien
Entre les amours et les ailes.
Oui, c'étaient elles, qui m'emportaient !
Nos coeurs battaient avec nos ailes !
Mais aujourd'hui me voilà mère !
L'instant des devoirs est venu :
Tout est danger sur le sol nu,
Pour ce petit être éphémère !
Alors, pour l'abriter du vent,
Avec mes pattes de devant,
J'ai moi-même arraché mes ailes !
Amours nouvelles !
Il faut veiller,
Et travailler !
Tombez, mes ailes !
"Venise"
Paroles: Alfred de Musset
Musique: Charles Gounod
Dans Venise la rouge,
Pas un bateau qui bouge,
Pas un pêcheur dans l'eau,
Pas un falot.
La lune qui s'efface
Couvre son front qui passe
D'un nuage étoilé
Demi-voilé.
Tout se tait, fors les gardes
Aux longues hallebardes,
Qui veillent aux créneaux
Des arsenaux.
Ah! maintenant plus d'une
Attend, au clair de lune,
Quelque jeune muguet,
L'oreille au guet.
Sous la brise amoureuse
La Vanina rêveuse,
Dans son berceau flottant
Passe en chantant;
Tandis que pour la fête
Narcissa qui s'apprête,
Met devant son miroir
Le masque noir.
Laissons la vieille horloge
Au palais du vieux doge
Lui compter de ses nuits
Les longs ennuis.
Sur sa mer nonchalante,
Venise indolente
Ne compte ni ses jours
Ni ses amours.
Car Venise est si belle
Qu'une chaîne sur elle
Semble un collier jeté
Sur la beauté.
À la Madone
À toi mon coeur
À une bourse
À une jeune fille
A une jeune grecque
Absence
Aimons mes soeurs
Aimons-nous !
Au printemps
Au rossignol
Aubade
Ave Maria
Blanche colombe
Boire à l'ombre
Boléro
Ce que je suis sans toi
Chanson de pâtre
Chanson de printemps
Chanson printanière
Chant d'automne
Chanter et souffrir
Crépuscule
Déesse ou femme
Départ
Dites, la jeune belle, où voulez-vous ...
Donne-moi cette fleur
Envoi de fleurs
Esclave et reine
Hymne à la nuit
Je ne puis espérer
Jérusalem
L'âme de la morte
La pâquerette
La reine du matin
La salutation angélique
Le banc de pierre
Le calme
Le chant d'Euryclée
Le ciel a visité la terre
Le départ du mousse
Le Juif-errant
Le lever
Le nom de Marie
Le premier jour de mai
Le retour de Tobie
Le soir
Le souvenir
Le vallon
Les Bacchantes
Les champs
Les naïdes
Ma belle amie est morte
Magali
Marguerite
Medjé
Mignon
Mon habit
Ni l'or ni la grandeur
Noël
Notre-Dame des petits enfants
Nuit silencieuse
O ma belle rebelle !
O ma lyre
Oiseaux! taisez-vous !
Parle-moi d'elle
Pitié pour mes larmes
Prends garde !
Prière du soir
Primavera
Qui vivra verra
Repentir (O Divine Redeemer)
Rêverie
Sainte ivresse
Sérénade
Seule !
Si la mort est le but
Solitude
Sur la montagne
Sylvie
Temple ouvre-toi
Tombez, mes ailes
Venise
Vous trouverez ci-dessous 82 textes écrits par d'illustres poètes et écrivains et mis en musique par Charles Gounod.